1958, la première exposition

Extrait d’un enregistrement radiophonique

“J'ai l'impression que monsieur Cocteau vous a donné beaucoup de fil à retordre...

MMD (Marie-Madeleine Jolly) : “Oui... monsieur Cocteau nous a apporté des gravures... et nous avons eu énormément de difficultés parce que ces matières n'étaient pas des matières habituelles à notre technique...”

Avez-vous été obligé de faire des recherches ?

MMD : “Nous avons beaucoup cherché, monsieur Cocteau nous a beaucoup aidé, ses conseils, ses avis étaient précieux...”

Philippe Madeline, quelles sont les principales recherches que vous avez été obligé de faire pour arriver à une telle diversité non seulement dans les terres mais aussi dans les teintes ? Car cela va de la pâte blanche, à la terre pure, en passant par des émaux...

PM (Philippe Madeline) : “Monsieur Cocteau utilise beaucoup la terre, son parti pris est de laisser un maximum de terre et il l'a très bien exprimé en disant qu'il voulait que l'émail soit un tatouage sur une peau... et la couleur de la terre qui est rouge... nous utilisons beaucoup ces couleurs rouge et rose dans nos régions... lui rappelle la peau et il cherche à tatouer avec ses dessins, qui sont magnifiques... alors cela nous a posé des problèmes assez difficiles pour réaliser des terres qui puissent convenir... nous sommes arrivés à obtenir des grains de terre qui rappellent également des fonds de papier...”

Et d'autre part il y avait à respecter... la ligne ?

PM : “Ça c'était le gros problème !, la grosseur du trait, la pureté de celui-ci… C'est à Marie Madeleine Jolly que nous le devons…”

Expliquez-nous comment cela se passe une fois que Jean Cocteau vous a donné un dessin ou une épreuve...

MMD : “Eh bien monsieur Cocteau vient et nous les exécutons ensemble, c'est à dire qu'il surveille le travail, d'ailleurs la plupart du temps il met la main à la pâte…”

Combien de mois a duré ce travail pour réaliser toutes ces poteries ?

Jean Cocteau : “Je ne sais plus, mais… voilà il faut en effet une collaboration étroite, je dirais qu'il faut le feu de l'amitié et l'amitié du feu…”

Article de presse paru dans Points de vues, Images du monde

Le devoir de vacances de Cocteau : La céramique

Jean Cocteau que l'Académie ne parviendra pas à vieillir, Dieu merci ! ajoute une nouvelle corde à la ligne d'Apollon, un nouveau violon d'Ingres à sa collection. Tout juste un an après avoir décoré la chapelle de Villefranche, il se met toujours à Villefranche, à la céramique.
Travail d'équipe. Après avoir dessiné, au crayon, au pastel, à la craie, les motifs nés de son imagination toujours en alerte, Jean Cocteau exécute les objets qu'il ornera avec ses amis M. et Mme Madeline.
Et ce sont, sur les vases, les plats, les poteries, dont on pourra voir des échantillons dans la chapelle de Villefranche, des plantes fantastiques dont les fleurs sont des yeux, des femmes-lyre, des arlequins, des anges, des personnages de mythes et de féeries dans lesquels on retrouve le génie poétique du père des “Enfants terribles”.
Pour se préparer au vernissage de son exposition Jean Cocteau se promène au milieu des barques.
Il assiste à la messe anniversaire de l'inauguration de la chapelle qu'il a décorée.

Reportage Christian Toussaint

À la villa Santo-Sospir

“Jean Cocteau a décoré la villa Santo-Sospir à la pointe du Cap-Ferrat, de tapisseries, de compositions aux teintes subtiles. C’est là qu’il dessine les figures qui ornent ses poteries et à propos desquelles il nous disait : je dessine d’instinct, si je réfléchis je suis perdu.”